ANALYSE POLITIQUE : Voici pourquoi Jean Ping, Pierre Mamboundou et André Mba Obame auraient pu toucher eux aussi la prime de libération !

Le conseil des ministres du 22 janvier 2024 a adopté une prime de libération de 50 000 F CFA, versée aux forces de sécurité et de défense, dit-on, pour leur bravoure. D’abord, nous nous opposons à cette idée de récompenser celles et ceux qui ont parachevé une lutte portée de longue date par l’ensemble des Gabonais, fragilisant finalement le régime d’Ali Bongo.

Cette prime n’est simplement pas cohérente si l’on veut faire les choses bien, d’autant plus que les nouvelles autorités du CTRI promeuvent le patriotisme depuis leur arrivée aux affaires. On ne peut pas promouvoir le patriotisme et donner de l’argent à celles et ceux qui ont fait preuve de patriotisme le 20 août dernier. Ce serait réduire la portée de leur acte à une simple considération financière.

De plus, la libération qui intervient le 30 août démarre bien avant avec les actions d’hommes et de femmes politiques éminents, à l’instar de Pierre Mamboundou et d’André Mba Obame, qui tous deux ont payé de leur vie dans ce combat de libération. Que dire de Jean Ping qui a considérablement compliqué la tâche à Ali Bongo en le dépossédant de toute légitimité depuis la présidentielle de 2016.

Si l’on reste dans la logique de la récompense, combien doit-on donner à Pierre Mamboundou et à André Mba Obame, même à titre posthume ? N’est-ce pas plus noble de ne point recevoir de récompense pour un geste sacrificiel au bénéfice de son pays ? Quel symbole cela renvoie-t-il aux plus jeunes ? Doit-on désormais être payé à chaque fois que l’on se sacrifie pour son pays ? NON.

Si l’on reste sur le mobile de la prime de libération, une fois qu’elle est payée à nos militaires, serions-nous toujours tenu d’éprouver de la reconnaissance pour leur bravoure ? Nous pensons que non. Leur action honorable du 30 août 2023 deviendrait alors une transaction. Si le pays leur donnait de l’argent pour ce geste, il ne leur resterait plus qu’à rentrer dans les casernes et de laisser les civils conduire la transition.

Pour toutes ces raisons, nous pensons qu’il n’était pas nécessaire de récompenser le geste patriotique du 30 août dernier pour éviter de diluer la grande valeur de cette date historique. On ne paie pas un militaire pour son action en faveur du pays. C’est plutôt à un mercenaire qu’on donne de l’argent parce qu’il n’a aucun lien avec le pays et qu’il vend simplement ses services simplement. Ce n’est pas le cas pour nos héros du CTRI. En définitive, même adoptée, cette prime en l’état ne se justifie pas.

Jean Norbert Moukouagna, Spécialiste en intelligence économique et acteur de la société civile