Le débat de Missélé eba’a : Passagers clandestins, dégagez ! 

Jamais le pouvoir en place n’a été aussi ridicule pour ne pas dire autant perdu dans son fonctionnement. Le mélange de genres et le manque d’expérience font que ceux qui décidenttendent à mettre la stabilité de notre pays en danger. Cette situation n’est pas surprenante puisqu’elle traduit bien le niveau de ceux qui désormais prennent les décisions au sommet de l’État. En lieu et place du Centre Gabonais des Élections (CGE) pour expliquer les décisions qui sont prises, c’est le parti au pouvoir, le PDG, ou les « proches » du président de la République, pourtant candidat déjà déclaré, qui s’improvisent pour assurer le service après vente. N’est-ce pas une manière évidente d’assumer l’origine des décisions tordues prises ? N’est-ce pas une façon de faire perdre au CGE son caractère d’institution indépendante ? N’est-ce pas un moyen de discréditer cette institution aux yeux du monde entier ?

Voici où conduisent l’imposture et le manque de considération de ceux qui savent. Comme la bêtise a toujours eu la dent dure, il ne fallait pasmeilleure manière de se ridiculiser en public que cette sortie du protégé de Sylvia Bongo Ondimba dans les colonnes du site « lalibreville » avec son interview imaginaire d’un professeur d’université sans nom. Or, si Jessy « Ella Ekogha » avait fait la faculté ou voulu donner un peu de crédit à sa publication, il aurait su que c’est toujours un honneur pour un professeur d’université de signer sa production intellectuelle. Voici une preuve claire que ce jeune homme ne sait pas de quoi il parle. Comme une bêtise en appelle toujours une autre, Jessy « Ella Ekogha » fait découvrir au monde entier le concept, ô combien intéressant, « du passager clandestin ». Il nous en donne même une définition précise en ces termes :« Lors des précédentes élections législatives, en 2018, un certain nombre de députés de la majorité ont peu battu campagne, labouré leur circonscription, parce qu’il savait que leur chef de parti (Ali Bongo Ondimba, NDLR) ayant été élu deux ans plus tôt, il profiterait de l’élan de cette victoire et de la notoriété du parti. Que ce serait largement suffisant pour l’emporter. Il n’était donc pas incité à faire beaucoup d’efforts. Quand vous profitez d’une situation sans y avoir contribué, cela s’appelle « le syndrome du passager clandestin ».

D’abord, quiconque lit un tel agencement des mots ne peut pas croire qu’il s’agit de la production intellectuelle d’un professeur d’université. Tellement la syntaxe laisse à désirer. Cependant, restons concentrés sur le fond du concept « le passager clandestin ».Quand il squatte le poste de porte-parole de la présidence de la République, Jessy « Ella Ekogha » peut nous dire le rôle qu’il a joué en 2016 pour jouir autant des ors de la République ? Théophile Ogandaga qui est directeur de cabinet du président de la République, son adjoint Mohamed Ali Saliou, peuvent-ils nous dire ce qu’ils ont fait pour aider Ali Bongo Ondimba à rester au sommet de l’État en 2016 ? Ian Ghislain Ngoulou qui était dans mon équipe de campagne en 2016 et qui fait la pluie et le beau temps à la présidence de la République, Akim Daouda, le patron du FGIS, Emmanuel Lerouel qui serait le grand conseiller en matière de finances au Palais présidentiel, Erlyne Antonella Ndembet qui est ministre de la justice peuvent-ils nous dire publiquement en quoi ils ont contribué à asseoir le pouvoir vacillant d’Ali Bongo Ondimbaen août 2016 ? Voici la bande des passagers clandestins dont parle Jessy « Ella Ekogha ».

 Des gens qui profitent indûment d’une situation sans y avoir contribué. C’est la preuve que ce jeune homme ne sait jamais de quoi il parle. Et doit certainement mériter sa place du fait qu’il ait servi de transporteur d’argentoffert par l’ancien directeur général de la Gabon Oil Company(GOC), désormais considéré comme détourné puisque PatrichiTanasa a été condamné pour ces faits. Que Jessy « Ella Ekogha » et ses maîtres à penser comprennent que le Gabon est une République et se veut être un État de droit. Par conséquent, les élections, du président de la République comme celle des députés, sont encadrées par la loi. Le bulletin unique pour lequel Jessy « Ella Ekogha » se donne en spectacle, respecte t-il, les droits constitutionnels des citoyens ? Est-il normal qu’on impose un choix de vote à des gabonais ?  Est-il constitutionnel qu’on empêche à des citoyens de voter le président de leur choix ou le député qui les aurait convaincu ? 

Autrement dit, les citoyens peuvent voter pour Ali Bongo Ondimba et sanctionner le député PDG qui ne défend pas bien leurs intérêts. Quid du suppléant du député qui doit être connu par tous quand le ticket n’inscrirait que le candidat à la présidence de la République et le candidat à la députation ? Cette mesure est-elle conforme à la loi organique qui régit le fonctionnement de l’Assemblée nationale ? Permettez nous d’en douter. Le bulletin unique tel que présenté par le CGE est anticonstitutionnel. Lorsqu’un pays est dirigé par des passagers clandestins, on ne peut qu’avoir comme résultats ce type d’incongruités. Ne pas être capable de comprendre que ce pouvoir hérité d’Omar Bongo Ondimba est foncièrement légitimiste. Que le bulletin unique imposé au CGE est tout aussi mortel pour la candidature d’Ali Bongo Ondimba que la représentation des candidats dans les bureaux de vote comme le prévoyait le code électoral avec ces élections générales. Le candidat du PDG dont « les proches » répondent aux abonnés absents part défavorisé à cette élection générale.Jamais on ne voit Jessy « Ella Ekogha »débattre pour défendre Ali Bongo Ondimba. Jamais on ne voit Mohamed Ali Salioudit Oceni animer des causeries au profit du bilan d’Ali Bongo Ondimba. Jamais on n’aperçoit Ian Ghislain Ngoulou expliquer dans les quartiers les différentes réalisations du président de la République. 

Jamais Akim Daouda ne parle d’Ali Bongo Ondimba dans les régions reculées du pays. Jamais Emmanuel Lerouel ne présente sa fraise pour convaincre les gabonais sur la gestion économique du pays selon Ali Bongo Ondimba. Or, ce sont eux qui ont géré le pays depuis plusieurs années. Selon l’esprit du pouvoir d’Omar Bongo Ondimba, ne sont autorisés ou habilités à dire ou à faire que ceux qui ont fait leurs preuves. Cela ne semble pas être le cas pour nos collégiens du palais présidentiel. Vivement que ces passagers clandestins du bord de mer dégagent. Un point c’est tout. Le Gabon mérite mieux. 

Par Télesphore Obame NgomoPrésident de l’Organisation Patronale des Médias (OPAM).