Ali Bongo condamne le nouveau régime burkinabé, mais de quel droit ?

On ne sait pas avec qui Ali Bongo fait-il la course aux tweets. Alors qu’aucun président de la CDEAO (communauté des états de l’Afrique de l’Ouest) ne s’est encore prononcé parce que les usages diplomatiques exigent de la prudence dans ces cas là, le Président gabonais s’est permis dans un tweet matinal de condamner la junte militaire qui a pris le pouvoir par coup de force au Burkina Faso tôt ce matin. Le Chef de l’état gabonais a appuyé sa déclaration d’une pseudo condamnation de principe formulée selon lui par la CDEAO et l’Union Africaine (UA). 

C’est une erreur monumentale de communication de la part du dirigeant gabonais dont le pays ne se trouve pas en Afrique de l’Ouest. Il aurait donc dû laisser la primauté de la réaction aux chefs d’état de la région de l’Afrique de l’Ouest , c’est-à-dire le président Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire où le président sénégalais Macky Sall, d’autant que rien ne presse. 

Cette déclaration au caractère existentiel montre bien l’agacement d’Ali Bongo par rapport aux coups de force dans les autres pays, non pas parce qu’il soit un défenseur de la démocratie mais beaucoup plus parce que lui-même, dont le régime est affaibli et contesté depuis des années, craint qu’un scénario militaire similaire puisse le déposséder du pouvoir. 

En ce qui est de son tweet, il est maladroit et inopportun. Il ne se justifie que par une communication mal maîtrisée et l’incapacité de son cabinet  à comprendre que la sortie d’un chef de l’état, ne serait-ce que sur Twitter, doit tenir compte de la région dans laquelle son pays se trouve, de l’opportunité en fonction de l’influence du pays sur le pays en crise, et de la position tenue par les instances sous-régionales auxquelles le pays (Gabon) appartient. Tout ceci indique bien qu’Ali Bongo aurait dû se taire et ce n’est pas parce qu’on a un siège de membre non permanent au conseil de sécurité des Nations-Unies, qu’on se passera des usages diplomatiques et de la préséance due aux chefs d’état de la CDEAO.