Depuis des mois et ce malgré la récente décision du tribunal qui autorise la veuve Mavioga à enterrer son défunt époux, les Gabonais ont assisté à une bataille judiciaire et familiale qui a surpris plus d’un.
Il faut savoir qu’au-delà de l’amour proclamé par les uns et par les autres envers le défunt chef du Bloc Démocratique Chrétien, il y a de gros enjeux d’ordre financier et politique derrière cette bataille de l’inhumation.
Guy Christian Mavioga était un homme politique de la majorité, à ce titre, il avait des relations privilégiées avec la majorité présidentielle et notamment avec le Président de la République gabonaise qu’il a toujours qualifié d’être son grand-frère personnel. Au-delà du cercle présidentielle, Guy Christian Mavioga était très sympathique à beaucoup de hauts responsables politiques. Ils ont tous été choqués par sa disparition brutale et chacun veut alors lui témoigner son attachement à titre posthume.
Enjeux financiers. Ses obsèques ne sont donc pas les obsèques d’un vulgaire homme, il s’agit d’un leader politique qui s’en va. Comme il est de coutume chez nous au Gabon, les contributions de ses amis politiques vont pleuvoir en premier rang desquels le Chef de l’état Ali Bongo, qui malgré certaines sorties de pistes, admirait le défunt Mavioga pour son caractère tenace. La famille Mavioga attend donc une contribution importante de la part d’Ali Bongo Ondimba et de certains membres du gouvernement. Cette contribution sera à la hauteur de l’homme politique qu’il était et à la hauteur de l’illustre donateur. On peut imaginer que cette contribution puisse aller chercher dans la dizaine de millions sinon plus.
Guy Christian Mavioga était bien sûr membre de la majorité républicaine et sociale pour l’émergence. On se souvient qu’au lendemain de l’annonce de son décès, le Secrétaire général du PDG avait fait convoquer tous les partis de la majorité pour que ce groupement politique puisse accompagner dignement son illustre membre dans sa dernière demeure. Là encore, on peut s’attendre à une contribution de la majorité républicaine et sociale qui ne sera pas dérisoire.
Enfin toujours sur les enjeux financiers, Guy Christian Mavioga était de la grande famille chrétienne. Même s’il n’était plus constant dans cette famille du fait de son engagement politique, les pasteurs et autres leaders ne resteront pas bras croisés pour ses obsèques d’autant plus que son épouse la prophétesse AYO est elle-même du même corps. Les fidèles de son église et les leaders sympathisants feront un geste sacrificiel pour accompagner leur frère.
Enjeux politiques. Guy Christian Mavioga était le chef du Bloc Démocratique Chrétien (BDC), c’est un parti qui a son ancrage dans la majorité. Le défunt y était très actif et y avait bien installé la place de son parti. La question de sa succession va donc se poser et nul doute que son épouse, qui a des velléités politiques nationales et qui est aussi une femme avec une qualité oratoire remarquable, voudra récupérer le capital politique de son défunt époux. La bataille pour mettre la main sur le BDC sera d’ordre familiale et non statutaire. Nous avons déjà un aperçu de la ténacité de madame Mavioga et on imagine bien que dans cette nouvelle bataille qui pointe à l’horizon, elle pourrait faire prévaloir les dernières volontés de son mari dont elle est seule dépositaire.
Cette bataille pour la succession pied levé de Guy Christian Mavioga et donc au sein de la Majorité n’est pas anodine puisqu’elle indiquera qui sera assis prochainement à la table de la majorité et peut-être dans une position administrative dont ce parti de la majorité pourrait se prévaloir au nom des alliances politiques.
En définitive, c’est le camp qui enterrera Guy Christian Mavioga qui réceptionnera le pactole des contributions généreuses des amis et connaissances ainsi que les honneurs politiques. Ce n’est pas une simple affaire d’inhumation qui se joue ici, c’est aussi l’avenir, soit de la veuve ou de la famille qui se joue. On comprend bien pourquoi chacun campe sur ses positions en parfaite connaissance des enjeux de cette affaire.
L’info de 1ère main 