Gabon-Primature : l’impossible cohabitation entre Rose-Christiane et Alain-Claude

Hier mercredi 12 octobre, le gouvernement a été remanié. Alain Claude Bilie By Nze, à qui l’on prête souvent un destin de premier-ministrable s’est considérablement rapproché de la fonction. Il est devenu l’adjoint de l’actuel premier ministre Rose Christine Ossouka Raponda, jugée à tort et à raison amorphe par une partie des observateurs politiques.

Il faut d’abord rappeler ce qui suit : ce n’est pas parce que Rose Chritiane Ossouka Raponda serait virée du gouvernement que la notion d’égalité des genres dans notre pays prendrait un coup. Au contraire, il ne faut surtout pas la maintenir à cette fonction, du simple fait d’être une femme, parce que sa compétence à ce poste nous apparaît plus que discutable.

En voyant le premier ministre rendre publique la nomination d’Alain Claude Bilie-By Nze, l’expression « sur proposition du premier ministre » peut être jugée de trop par les gabonais dans sa communication, pour la seule et simple raison que l’on sait tous qu’elle (PM), ne se serait jamais encombrée d’un Bilie By Nze à ses côtés. Bref…

En dressant le profil psychologique des deux personnalités, la cohabitation semble vouée à l’échec, pourquoi ? D’abord parce que Rose Christiane Ossouka Raponda est présentée comme une femme émotive et presqu’épidermique par l’opinion. Ce n’est pas lui adresser une critique stérile que de le dire. Elle n’a jamais soigné ses humeurs et ses relations avec les autres. La légende raconte même qu’il lui est arrivé, dans le passé, de se chamailler avec une dame de ménage, pour des raisons aussi banales qu’un regard de travers.

Aussi, ses relations avec ses collègues au gouvernement sont assez difficiles notamment depuis qu’elle avait indexé publiquement l’actuel ministre du pétrole Vincent de Paul Massassa, pour une affaire qui aurait pu se régler dans la discrétion la plus totale. Le fait que même la presse gabonaise la plus crédible s’en était saisie, montre qu’il y avait certainement de la part du locataire de la primature une volonté de rendre publique cette affaire. D’autres membres du gouvernement auraient des raisons de ne plus lui faire confiance.

Autre affaire qui lui colle à la peau, sa supposée mainmise sur les affaires de la mairie de Libreville. On prêterait au Premier ministre gabonais, l’ambition de se garder au chaud, le fauteuil de maire de Libreville une fois qu’elle en aurait fini avec la primature. Ces accusations récurrentes vont plus loin et affirment que Rose Christiane Ossouka Raponda, serait le vrai donneur d’ordres de l’actuelle édile Christine Mba Ndutume.

Cette situation ne serait pas bien vécue par les cadres de l’ethnie omyénè originaires de L’Estuaire, qui caresseraient eux aussi le désir de s’asseoir sur le fauteuil municipal, d’autant plus que le PM a déjà eu à occuper la fonction, il y a quelques années. Il faut tout de même lui reconnaître un très bon bilan de gestion pour la période pendant laquelle elle a été maire de Libreville.

De son côté, Alain Claude Bilie By Nze ne fait pas non plus l’unanimité au sein de la classe politique. Cela à avoir avec son passé d’opposant auprès du Rassemblement des Bucherons et des accusations de trahison à l’endroit de son mentor de l’époque, le père Paul Mba Abessole. En remontant plus loin, ses détracteurs pourraient tout aussi se rappeler de l’étudiant très agité qu’il a été à l’Université Omar Bongo. Les pédégistes pure souche ne l’ont réellement jamais accepté en sa nouvelle qualité de militant et cadre de ce parti.

Sur le plan du travail, il est reconnu par l’opinion comme étant un bosseur et partout où il est passé, il a souvent impulsé des réformes qui lui ont donné raison plus tard. A l’exemple de la Redevance audiovisuelle (RAC) attachée à l’abonnement Canal+ quand il était au ministère de la communication ou de la remise au goût du jour de la fête des cultures dans sa nouvelle formule dénommée Gabon 9 provinces, lorsqu’il était au ministère de la Culture. Il souffre tout de même d’une méfiance permanente vis-à-vis de sa personne, parce que l’opinion lui prête souvent des ambitions présidentielles. C’est certainement la raison pour laquelle il a souvent été baladé de ministère en ministère, pour éviter de le créditer d’un bilan positif ou d’amasser un trésor de guerre qui lui permettrait de concrétiser ses rêves de fauteuil présidentiel.  Mais jusqu’à présent, il a plutôt fait un sans-faute de loyauté auprès du Président de la République Ali Bongo.

Pour autant, il est reconnu comme étant une personnalité au fort caractère, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et qui ne reçoit ses ordres que du Président de la République. C’est sur la base de ce trait de caractère que l’on peut penser que la cohabitation avec Rose Christiane Ossouka Raponda pourrait être houleuse. D’autant plus que sa nomination fragilise considérablement Rose Christiane Ossouka Raponda. Le premier ministre adjoint Alain-Claude, qui malgré sa promotion, a été cantonné au ministère des hydrocarbures, ne se privera pas de déborder d’autant plus que nous allons vers la dernière ligne droite d’une élection présidentielle qui s’annonce extrêmement difficile pour le Président Ali Bongo, dans le cas où il se représentait.

Le promu ne pourra pas être un faire-valoir et l’actuel PM essaiera de le contenir. Face à un manœuvrier politique comme Alain Claude Bilie By Nze, l’exercice sera très délicat et difficile, sauf si l’idée est de mettre Bilie By Nze en orbite et en situation inconfortable aux côtés du premier ministre et miser sur son caractère d’insoumis pour le pousser à la faute et faire porter à Rose Christiane Ossouka Raponda, la responsabilité de son éviction du gouvernement. Souhaitons aux deux (2) PM, bonne chance.