Procès des BLA boys : la vision d’Ali Bongo à l’épreuve de la justice

Ali Bongo avait une vision claire de ce qu’il voulait faire du pays. L’avenir en confiance, le plan stratégique Gabon émergent (PSGE), l’égalité des chances ou le changeons ensemble. Tous ces slogans étaient articulés de telle sorte que le gabonais lambda avait été convaincu de ce que le président Ali Bongo voulait faire du Gabon.

Les premières années du nouveau président en 2009-2010-2011 ont fait entrevoir une volonté de changer de paradigme. Le Chef de l’état gabonais était sur tous les fronts et même quand on n’y croyait pas, il arrivait à livrer des chantiers titanesques qui forçaient l’admiration des gabonais.

Puis ce fut l’éclipse. Le calendrier judiciaire a révélé qu’au lieu de suivre les instructions du président, certains de ses plus proches collaborateurs se sucraient. Mais ce dont chacun pouvait se convaincre était que ces gens le faisaient sans l’accord d’Ali Bongo. C’est ce que chacun pouvait penser, jusqu’à ce que des procès, des auditions viennent nous raconter la vraie histoire.

Les procès en cascades, Ngambia, Ngoubou, Oyaya, Tony Ondo Mba, Brice Laccruche Alihanga, Ike Ngouoni mais aussi des hommes qui ont eu la chance de ne point se présenter devant la justice mais qui n’étaient pas non plus des saints au regard de leur patrimoine : Maixent Accrombessi, Liban Soleman, Arnauld Engandji, bref. Tous ces procès désignaient un seul homme : le Chef de l’état Ali Bongo Ondimba.

A la vision déclarée d’une rigueur financière et budgétaire, on se rend compte que le Chef de l’état était plus généreux avec ses collaborateurs, et visiblement avec l’argent des gabonais. Lorsque les régies financières étaient malmenées, l’on se disait que le gouvernement avait raison, finalement c’est autre chose qui était orchestré en sous-marin.

On pensait Ali Bongo capable d’avoir des priorités pour le pays mais non, on se rend compte qu’il y a beaucoup de divertissement et du gaspillage de deniers publics. Les carnavals, les baies des rois, les courses de bateaux, les tropicales sans championnat de cyclisme, les compétitions internationales de hand-ball sans une base nationale dans cette discipline, les concerts des artistes américains.

Ce qui intéresse le président se sont les feux des projecteurs. Les réceptions avec les célébrités, l’illusion d’être le leader sans structurer sur le long terme les secteurs dans lesquels notre pays a pourtant du potentiel. Le Gabon est devenu une grande foire, ou des tribus de légions étrangères se succèdent, se sucrent et disparaissent.

Qu’en est-il du citoyen gabonais Accrombessi qui est devenu Roi dans son pays le Bénin ? qu’en est-il du citoyen gabonais Liban Soleman qui possède plusieurs autres nationalités et qui investit désormais de sa poche à construire des milliers de logement au Rwanda ?

Au final, Ali Bongo n’a jamais eu une vision claire pour ce pays. Il y a peut-être un cabinet qui a travaillé à lui rassembler des idées mais dire qu’il s’en est appropriées, ce serait hasardeux. Nous sommes face à la réalité : la vision de l’émergence s’est transformé en cauchemar pour les gabonais et plus personne ne peut croire qu’Ali Bongo soit capable de quoique ce soit ou qu’il ait ne serait-ce qu’un début de vision pour le pays. Face à cette fragilité généralisée, chacun doit en tirer toutes les conséquences. La vision est parterre, le bateau Gabon ivre, avance sans capitaine.