Ali Bongo chargé par la presse et abandonné par les siens  

Le Chef de l’Etat gabonais est toujours perçu comme un homme suffisamment entouré pour ne pas se retrouver isolé. Force est de constater qu’en dépit du fait qu’il ait à sa disposition une cohorte de cabinets en communication, une pléthore de soutiens politiques aussi zélés les uns que les autres, un parti politique présenté comme un vrai mammouth politique, un gouvernement d’hommes et de femmes qui appellent déjà au 3ème mandat d’Ali Bongo, il n’en demeure pas moins que ces dernières semaines, le président gabonais est toujours aussi malmené par la presse traditionnelle et en ligne. 

Dès son allocution du 31 décembre dernier, lors de son adresse à la Nation, les propos du Chef de l’Etat gabonais avaient été jugés inappropriés par certaines corporations notamment les fonctionnaires des régies financières et les enseignants de l’éducation nationale. La presse lui était tombée dessus, accompagnée dans cet exercice par des opposants mieux organisés que le pouvoir gabonais sur le terrain des réseaux sociaux et de la presse en ligne.

La fin de cette affaire a complètement dénaturé l’allocution présidentielle à tel point que les autres messages du président qui étaient plutôt positifs, ont été noyés dans la polémique. Au final, Ali Bongo n’est pas sorti grandi de cette prise de parole pourtant républicaine.

L’autre fait marquant, reste la construction d’une école à Alibandeng financée certes par l’AFD mais sur un prêt que le gouvernement gabonais doit rembourser. Habilement organisés, les opposants gabonais ont présenté la construction de ce complexe scolaire comme un don de l’agence française de développement. L’affaire a tellement fait grand bruit que chacun a dû faire du rafistolage pour expliquer plus tard quelle était l’origine du financement de ce complexe scolaire. La faute était déjà commise. Comme d’habitude Ali Bongo croit bien faire mais il manque de l’anticipation dans le développement éventuel des sujets qui peuvent brouiller l’image du Chef de l’Etat.  

Autre sujet de préoccupation, la plume de Télésphore Ngomo, qui, à chaque sortie, fragilise le camp du pouvoir.  Il publie des tribunes qui massacrent l’ensemble du pouvoir Bongo-PDG en le couvrant de tous adjectifs susceptibles de renforcer l’idée d’incompétence que chacun peut déjà se faire du gouvernement gabonais et de ses démembrements. 

Dans un texte publié récemment et intitulé : « le débat de Missélé eba’a : Tout semble désormais foutu », il annonce la fin du régime Bongo-PDG en énonçant ses symptômes les plus perceptibles. Le texte est plébiscité par les hauts cadres gabonais qui pour la plupart font partie de l’administration Ali Bongo. Ils se le partagent en toute excitation et nous n’avons pas vu passer une réplique à ce texte d’une portée majeur, qui tourne depuis des heures.

Notre confrère gabonreview dans sa parution du 19 janvier, publie un article dont le titre est « Ali Bongo au tribunal demain ; le jugement de l’histoire ».L’article est grossièrement présenté comme un nouveau rebondissement dans l’affaire dite de l’expertise médicale sollicité par le mouvement Appel à Agir, pour lever les doutes sur les capacités cognitives du président. Il soupçonne Ali Bongo de ne plus être capable de gouverner le pays, d’où la sempiternelle question suivante : « Qui dirige le Gabon ? ».

L’article est abondamment relayé sous la barbe des soutiens politiques, PDGistes et autres hommes à tout faire, sans qu’aucune réponse du berger à la bergère ne soit proposée à ces papiers qui entament plus que sérieusement l’image du Président de la République.

Il semble évidement que le pouvoir actuel ne dispose plus de plumes assez précises pour porter la contradiction aux activistes et intellectuels de l’opposition. L’entourage du président a d’ailleurs été malmené récemment par un ancien journaliste émérite, Germain Ngoyo Moussavou, ancien du quotidien L’Union dont la plume a laissé quelques signes d’impacts durables sur le cuir des hommes du pouvoir, alors que ce dernier n’est pour l’instant qu’à son deuxième texte. 

N’en parlons même plus d’hommes politiques tels que Charles Mba ou Alexandre Barro Chambrier, qui, à la moindre sortie, ramène le pouvoir à sa plus petite expression.

La vérité est que le pouvoir Bongo-PDG ne dispose pas de compétences à même de soutenir un débat de qualité avec ces nouveaux hommes et femmes de l’opposition gabonaise. Ces derniers ne jouent pas sur le terrain de la propagande, ils sont outillés pour causer du tort à celui qui occupe le fauteuil présidentiel. Il faut rapidement, pour le pouvoir en place, arrêter cette saignée médiatique. Ce laisser-faire a des conséquences immédiates et importantes, celles de tisser sur le corps d’Ali Bongo, un pelage qui n’est pas le sien et qui organisera subrepticement son déshonneur, sauf si le bilan qui sera présenté en 2023 est élogieux. C’est encore une autre affaire.