Tout observateur honnête de la vie de la nation le sait: l’ébullition sociale observée dans notre pays est loin d’être un simple épiphénomène. Il appelle de la part des autorités et des partenaires sociaux une attitude plus constructive que celle consistant à accumuler de la poussière sous le tapis.
Que ce soit dans le secteur de l’éducation que dans d’autres en proie à des grèves répétitives et intempestives, à l’exemple de celui bien sensible des régies financières, le mal persiste et il semble n’être pas prêt de s’estomper. Le dialogue social est en panne de discussion franche, d’anticipation et même d’imagination. Principalement en cause: la bien fâcheuse habitude de renvoyer à plus tard la définition de solutions définitives aux problèmes structurels et conjoncturels auxquels fait face l’Etat depuis de nombreuses années. Sans compter le non-respect des engagements pris pour les amoindrir.
Aujourd’hui mises en péril par un conflit interminable entre le gouvernement et les agents ayant la charge quotidienne d’alimenter le budget de la nation, les finances publiques tirent dorénavant la langue, avec des potentielles conséquences désastreuses pour les populations, par exemple en ce qui concerne les filets sociaux, si cruciaux pour les citoyens aux conditions d’existence déjà difficiles. La sonnette d’alarme est également à tirer s’agissant de l’éducation nationale, à propos de laquelle, en tout cas depuis au moins 1990, les calendriers sont désormais ajustés au gré des mouvements d’humeur récurrents des enseignants et du manque de vigueur décisionnelle de la part des pouvoirs publics.
Au-delà de la facilité d’en faire une question manichéenne entre un pretendu camp des “consciencieux” et un autre constitué de compatriotes “inconscients” et “manipulés”, en dépit de l’instrumentalisation circonstantielle que l’on peut observer de part et d’autre, la crise sociale gabonaise a d’abord pour ressorts de vrais problèmes sectoriels qui perdurent et s’enflent au fil des ans. Il incombe à toutes les parties impliquées de sortir des calculs d’arrières-boutiques, de prendre à bras-le-corps tous les maux en présence, et d’y consacrer ce qu’il conviendrait de qualifier de patriotisme constructif.
Le Gabon étant en principe au-dessus de toutes les considérations particulières, le courage de bouger les lignes en son nom, et rien qu’en son nom, devrait être de mise pour sauvegarder l’essentiel et le féconder pour la prospérité des générations à venir, qui sont déjà là en partie et n’attendent que leur heure pour prendre le témoin de l’œuvre de construction nationale.
Pour ce faire, le dialogue sincère et de vérité s’avère l’unique moyen salutaire pour enrayer le marasme actuel. Sortir des sentiers battus et des postures égocentriques en est la première et fondamentale exigence. Le pourrissement ne paie jamais pour ceux qui s’y aventurent. A beau être à retardement, une bombe finit par exploser si l’on n’y prend garde. Et une telle déflagration ne peut faire l’objet d’aucun triomphalisme de la part de quiconque!