Le Parti Démocratique Gabonais a tout gagné depuis 2009. Les élections législatives, les élections locales et les présidentielles successives. Sa victoire massive et indécente en 2018 aux élections législatives a même été jugée pas nécessaire, puisque remettant quasiment en cause l’ordre démocratique par le trop plein de députés du PDG à l’Assemblée Nationale. De ces victoires, l’opinion pouvait penser que le parti d’Ali Bongo, dirigé depuis 4 ans par EricDodo Bounguendza, aurait tiré le plus grand satisfécit. Il est donc étonnant que le PDG mette en place une politique de fusion-absorption, comme pour créer une hégémonie politique qui existe pourtant déjà, à en juger par les résultats qui sont constamment exhibés.
Le PDG doit le savoir, une fusion-absorption du directoire d’un parti, n’est pas synonyme d’une adhésion massive des militants de ce parti, d’autant plus que, pour RV et SDG, deux partis qui viennent récemment d’être engloutis par le PDG, leurs bases militantes est essentiellement composées de militants PDG, qui ne trouvaient plus leur compte dans cette formation politique. Si l’on veut bien s’en souvenir, ces deux partis avaient été accusés par les hiérarques du PDG de pratiquer du débauchage politiques. Cela avait été prouvé en deux circonstances : D’abord lors du retour du Chef de l’Etat Ali Bongo de sa convalescence du Maroc, Celles et ceux qui portaient les T-shirts bleus et violets (RV et SDG), étaient bien des militants PDG.
Cette opération de débauchage de militants s’est encore affirmé au stade de Nzeng-ayong, lorsque le messager intime(Brice Laccruche Alihanga) avait fait venir le Président de la République à la fin de sa tournée en qualité de Directeur de Cabinet. Les plus intelligents avaient bien vu que la vague bleue était en réalité une vague de militants PDG, reconvertis opportunément en militants RV, SDG ou AJEV.
Dans cette perspective, que peut-on réellement attendre de l’opération fusion-absorption en cours dans le camp du PDG ?il faut vraiment une bonne dose de naïveté pour croire que le PDG en sortira grandi et renforcé sur ses bases arrières.
De notre point de vue, il va se trouver un problème de management politique pour le parti présidentiel. Les cadres des partis et groupements politiques qui ont intégré le Parti Démocratique Gabonais n’attendront pas longtemps avant de revendiquer de passer à la caisse. Il va s’agir de préserver leurs intérêts et les intérêts de celles et ceux qui les ont suivis dans cette aventure. Il va falloir caser certains au gouvernement de la République et dans les grandes directions générales et les gabonais n’y verront que du feu. Chacun sera là pour revendiquer un butin qu’il estimera de mérite et vive la gabegie financière.
On peut taire des dissensions au sein du PDG au nom d’un charlatanisme politique assumé mais elles existent. Il y a ceux qui estiment que le directoire actuel du Parti Démocratique Gabonais est arrivé à épuisement de ses moyens et ceux qui militent pour le non-chamboulement de l’ordre établi pour des raisons stratégiques. Dans cette guéguerre interne aux pachydermes PDG, viendront s’ajouter les autres, ceux qui viennent d’adhérer et dont le statut de militant PDG ne cesserad’être contesté par les militants de pure souche.
Il faudra aux dirigeants du PDG une bonne dose de lucidité et une hauteur d’esprit pour ne pas perdre patiente devant la prédation qui va se développer au sein du parti. La confiance envers les troupes pourrait bien ne plus exister. On le sait, un vrai PDGiste, ne fera jamais confiance à un ancien militant SDG, DN, RV ou autres. Il estimera qu’avant que les nouveaux convertis ne se servent, il devra d’abord lui-même,être servi, la politique étant aussi une bataille d’intérêts.
Ensuite le PDG fusionné fera face au problème de moyens financiers lors de l’échéance présidentielle. On voit mal un René Ndemezo’o Obiang, abandonné son autonomie financière parce qu’il devra attendre l’enveloppe qui lui parviendrait par un dignitaire du PDG et non par le Président du PDG. Il estimera comme d’autres, que si on lui a demandé de venir, c’est parce qu’il sait faire le travail. A ce titre, il pourrait se passer des bons offices du Secrétaire généralBounguendza et d’autres membres du directoire du PDG pour aller directement négocier son pactole avec Ali Bongo ou ses intermédiaires les plus proches. Cette situation pourrait créer une crise et un dysfonctionnement au sein du Parti Démocratique Gabonais.
Autre chose, le PDG semble être un parti-élections. Il ne fonctionne à plein régime qu’à l’approche des joutes électorales. Certains disent même que c’est une machine à gagner les élections pas un parti politique. Que vont donc faire entre temps ceux qui viennent d’adhérer ? Vont-ils attendre que les élections arrivent pour travailler ? Autant de questions qui se posent en vue de juger de la pertinence de la politique dite de la fusion-absorption. Enfin, le parti majeur de la majorité républicaine et sociale le Cercle des Libéraux Réformateurs (CLR), fera de la résistance jusqu’au bout pour tenter de tirer le plus grand bénéfice d’une éventuelle fusion-absorption, avec le retour au PDG de cadres CLR qui avaient, il y a quelques années, quitté les rangs du PDG. Des complications pointent déjà à l’horizon devant un Jean Boniface Assélé devenu incontrôlable.
De notre point de vue, la fusion-absorption ne marchera pas et le PDG ne tirera aucun bénéfice de cette stratégie politique qui en son temps, avait déjà été tentée, par l’ancien Directeur de Cabinet d’Ali Bongo, Brice Laccruche Alihanga, qui lui parcontre, envisageait de faire fusionner et absorber le PDG à ses partis satellites comme le RV et le SDG. L’opération s’était soldée par un petit échec, le PDG étant un trop gros morceau pour passer dans le gosier de si petits partis politiques.
En définitive, il aurait fallu attendre le moment des élections, pour donner un rôle aux partis qui sont actuellement fusionnés et absorbés par le PDG. Ils peuvent accomplir une mission en temps d’élection présidentielle mais ne peuvent travailler de manière continue, soutenue et pérenne à construire le Parti Démocratique Gabonais. Les égos et les ambitions des uns,parasitant la volonté étonnante et hors-d’âge des autres, de revenir à un système de parti unique, comme cela était le cas avant. Le PDG ne cessera jamais de nous étonner.
Isaac Embinga, Citoyen gabonais, membre du groupe d’intérêt « Horizons 2023 ».
