Ce n’est plus un secret pour personne, le congrès organisé récemment par l’Union nationale est une démonstration de démocratie, un échantillon de la politique que souhaite mener ce grand parti de l’opposition. D’abord parce que les tensions entre les deux listes concurrentes étaient palpables, tant ce congrès avait été reporté au moins une fois et certains membres éminents de cette formation politique l’avait fortement dénoncé à l’exemple de l’honorable Minault.
Ensuite parce que la campagne menée par chacune des deux têtes de liste avaient ratissé large pour convaincre l’ensemble des congressistes de voter en leur faveur. Les deux protagonistes qui se faisaient face ne sont pas des inconnus du grand public.
Paulette Missambo, plusieurs fois ministres sous Omar Bongo et opposante dès la première heure de l’ère Ali Bongo avait décidé de présenter sa candidature un peu tardivement, après celle de son adversaire Paul-Marie Gondjout. Ensuite elle avait perdu son principal soutien, en la personne de l’ancien premier ministre Casimir Oyé Mba.

Paul-Marie Gondjout, cadre de l’Union nationale, est un habitué des joutes oratoires. Il s’est plusieurs fois distingué par son discours remettant en cause la gestion du pays par Ali Bongo Ondimba. Il a pour lui la jeunesse et la vigueur et bien qu’étant le mari de Chantal Myboto, fille du père Myboto, on ne peut pas croire qu’il se soit simplement fait dans le parti par cette relation familiale.
La campagne assez tendue dans les QG, était plutôt courtoise mais chez les principaux candidats eux-mêmes, chaque tête de liste souhaitant préserver l’essentiel : la cohésion et le rassemblement du parti après les élections. Signe que la démocratie était parfaitement ancrée au sein des troupes de l’UN, la présence du fils Myboto, en l’occurrence Eric, sur la liste de Paulette Missambo. De ce fait, l’argument construit autour de l’influence de Zacharie Myboto et son choix pour son beau-fils semble tomber en ruines.
Les craintes résidaient désormais autour de la capacité du perdant d’accepter le verdict des urnes. Finalement, c’est Paulette Missambo qui a raflé la mise avec son groupe. Malgré une victoire extrêmement serrée (12 voix d’écart) et les gabonitudes qui auraient entacher cette élection, le candidat malheureux Paul-Marie Gondjout a accepté le résultat et a félicité son adversaire. Une première au Gabon.

Les deux listes, comme l’affirment tous les analystes, ont sauvé leur parti du gouffre parce que les principaux acteurs ont accepté de respecter les principes démocratiques, une attitude inédite dans notre pays.
L’opposition gabonaise dans son ensemble, si elle daignait se rassembler, aurait à travers l’Union nationale (UN), une vraie machine pour lancer sa campagne et faire les choses correctement pour la présidentielle à venir. Il faut désormais au nouveau bureau établir les passerelles avec les principaux acteurs de l’opposition, pour qu’au moment venu, tout le monde se range derrière le candidat qui sera désigné.
Il y a très peu de chance qu’en 2023, ce soit Paulette Missambo la candidate de l’UN, pour deux raisons : d’abord son âge assez avancé et le fait qu’elle soit une femme. Les Gabonais n’étant pas encore psychologiquement prêts à avoir une femme à la tête du pays, malgré le programme Gabon-égalité, qui semble essayer de changer la loi mais les habitudes sont têtues. L’Union nationale nous réserve forcément une belle surprise pour la présidentielle 2023.
