MORT D’OYE MBA : DISPARITION D’UN CHANTRE DE LA DÉMOCRATIE « RAFFINÉE »

La courtoisie chevillée au corps, l’ancien Premier Ministre d’Omar Bongo était de ceux qui estiment que la politique est d’abord un sacerdoce au service de ce qui unit, jamais à celui de ce qui divise, détruit ou éloigne de façon irrémédiable. Casimir Oye Mba incarnait à lui seul une certaine idée de la démocratie, dans son acception la plus noble.

Certes homme de tempérament quand il s’agissait de défendre ses idées, et parfois ses décisions, celui qui fut « Premier » en un certain nombre d’étapes cruciales de sa brillante carrière restera dans les mémoires comme une personnalité qui n’usait pas de son envergure pour distiller des aspérités conflictuelles ou rigidement clivantes.

Doté pourtant d’un franc-parler qui pouvait faire grincer quelques dents dans l’establishment national, ou même au sein de son auditoire populaire, Casimir Oye Mba, au regard du témoignage conséquent de son histoire personnelle publique, n’a pratiquement jamais proféré ou défendu un discours désobligeant à l’égard de ses adversaires politiques, notamment dans son engagement d’opposant au régime en place. Une caractéristique qui s’est démontrée à plusieurs reprises, à en juger quelques anecdotes évoquées aujourd’hui par ses pairs de l’opposition, qui reconnaissent en l’homme un souci constant de veiller à l’unité de tous les filles et fils de la nation.

Dans un environnement où l’invective, voire l’injure ad hominem, tient désormais lieu d’argument idéologique ou de vérité évangélique entre protagonistes politiques, la disparition de Casimir Oye Mba sonne comme celle d’une voix singulière qui prônait le respect entre tous et de tous, ne fut-ce que par sa qualité impersonnelle et du fait qu’elle n’était nullement portée sur des attaques contre des personnes. Demeuré technocrate dans l’âme, le regard critique et l’esprit contributif toujours aussi vifs sur les questions économiques et financières, l’ancien Gouverneur de la BEAC s’est montré en permanence disponible quand il s’agissait d’apporter ses lumières à l’œuvre de construction nationale, nonobstant les divergences politiciennes ou philosophiques qui auraient pu le contraindre à les garder pour lui.

En ce sens, et tout compte fait, Casimir Oye Mba était une personnalité au raffinement certain, renforcé par une élégance à tous points de vue. Une élégance dont on retient trivialement la dimension vestimentaire, mais dont la moelle épinière était, d’abord et en réalité, comportementale, verbale et in fine politique!